Moratoire sur la construction
Rappelons qu’une enquête du Soleil et du FM93, sortie au matin du 11 mars, indique que des drapeaux rouges concernant la capacité de construction de la Ville de Lévis avaient été levés dès 2020, notamment dans un rapport détaillé sur la capacité résiduelle de l’usine de traitement des eaux usées de Saint-Nicolas. L’analyse effectuée en 2020 révélait que «les débits et charges de conception de l’usine sont maintenant atteints et que les différentes composantes de la station ont atteint leur durée de vie utile». L’enquête indique également que des experts avaient avisé la Ville en 2009 que «l’usine de Saint-Nicolas atteindrait plus tôt que tard sa capacité maximale».
En novembre dernier, l’administration Lehouillier a annoncé un moratoire freinant l’émission de nouveaux permis de construction dans les secteurs Desjardins et Saint-Nicolas, en mettant en lumière l’incapacité des usines de traitement des eaux usées à répondre à la demande grandissante.
Gilles Lehouillier a mis en doute la véracité des données de cette enquête et a assuré que la Ville avait suivi le plan de développement prévu.
«Les données qu’on avait en 2021 démontraient qu’on avait deux options pour Saint-Nicolas, soit de remettre à niveau ce qui existe et faire du développement. On a donc commencé par remettre à niveau ce qui existait. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’on allait connaître l’explosion qu’on a connue. Tant qu’on n’a pas le pouvoir législatif de décréter des arrêts, on est obligé de délivrer des permis. C’est pour ça qu’on a instauré le moratoire, pour permettre de poursuivre le développement en effectuant les travaux de traitement des eaux usées», a soutenu le maire de Lévis.
Le premier citoyen a aussi rappelé que l’Institut de la statistique du Québec prévoyait que la croissance démographique actuelle du territoire lévisien ne serait atteinte qu’en 2046, ce qui expliquerait les délais pour les travaux sur le traitement des eaux usées.
En réponse aux propos de Gilles Lehouillier, Serge Bonin, chef de Repensons Lévis (RL) et conseiller du district Saint-Étienne, a déploré le manque de clarté de l’administration lévisienne dans le dossier.
«On constate qu’il y a eu des documents qui tiraient le signal d’alarme à Saint-Nicolas depuis 2009. Je trouve ça inquiétant parce qu’on a soulevé des inquiétudes depuis longtemps au conseil municipal, à savoir quel était l’état de nos infrastructures et on ne nous répondait pas, alors que les réponses étaient visiblement là. On nous dit maintenant que c’est en 2020 qu’on a demandé de refaire les études pour avoir un portrait en 2022 et 2023 de chacun des secteurs. Moi, je suis un peu sceptique à savoir si on nous a caché d’autres choses depuis le début. On met quand même notre responsabilité en jeu à chaque décision qu’on prend. On a besoin d’avoir toute l’information pour le faire», a mentionné Serge Bonin.
Quant à lui, Steven Blaney, candidat à la mairie aux prochaines élections municipales sous la bannière Prospérité Lévis et ex-député fédéral du comté de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, a mentionné l’importance de respecter les priorités.
«Je suis ingénieur et j’ai travaillé dans le traitement des eaux usées, a-t-il rappelé. Avec la situation que Lévis vit, on ne peut pas attendre six mois pour apporter des solutions. On sait, quand le toit coule, on doit réparer la toiture avant de construire une piscine creusée. C’est pour ça qu’on a mis de l’avant des solutions immédiates pour aller de l’avant et pour éviter d’étouffer les citoyens de Lévis.»
La présidente-directrice générale de la CCIGL, Marie-Josée Morency, a aussi adressé la situation du moratoire sur la construction.
«On aurait aimé être au courant de la situation. On fait partie des prises de solutions, les promoteurs font partie des prises de solutions. Des solutions temporaires ont été émises et le dossier est à l’étude. Je pense que c’est important qu’on regarde en avant. Oui, il y a un moratoire, mais je pense qu’on peut travailler sur des solutions avec des promoteurs», a-t-elle expliqué.
Troisième lien
Gilles Lehouillier a profité de sa présentation pour rappeler les priorités de Lévis pour les prochaines années. Il a notamment mentionné l’importance du développement économique, de la création d’un réseau de parcs urbains ainsi que de la fluidité de la circulation. À cet effet, le maire a évoqué une conversation avec François Legault, premier ministre du Québec, et Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches et député de Lévis, pour rappeler sa confiance envers le projet du troisième lien.
«J’ai eu une petite discussion avec François Legault et Bernard Drainville samedi dernier et ils m’ont dit : ‘‘Faites-nous confiance, nous allons réaliser le lien autoroutier entre les deux rives’’», a précisé Gilles Lehouillier.