Par Raymond Dionne - Collaboration spéciale
Qui n'a jamais vu, au moins une fois dans sa vie, le film La Mélodie du bonheur, mettant en vedette Julie Andrews dans le rôle de Maria Von Trapp? Je l'avais vu à Londres, dans sa version originale anglaise The Sound of Music, peu de temps après sa sortie, en 1965.
J'étais alors guide au Mémorial canadien de Vimy (dans le nord de la France) où s'était déroulée, le 9 avril 1917, la fameuse bataille dont le Canada célèbrera le centenaire ce printemps. Ma collègue Jacqueline Pelletier, d'Ottawa, avait été tellement marquée par le film, qu'elle ne cessait de m'en fredonner les chansons, qu'elle avait apprises par cœur. De quoi nous faire oublier les combats sanglants et les nombreuses victimes qui reposent dans les cimetières voisins.
De retour au pays, j'ai revu le film dans sa version française, tout aussi touchant, bien que les voix et les paroles soient différentes. Je suis tombé, un jour, sur un livre que venait de publier la vraie Maria Von Trapp, intitulé Maria : The True Story of the Beloved Heroine of The Sound of Music.
Par une chance inouïe, j'ai pu la joindre à sa résidence de Stowe, dans le Vermont. «Je n'accorde aucune entrevue par téléphone, me dit-elle, mais vous êtes toujours le bienvenu chez nous». C'est à la boutique de cadeaux (gift shop) qu'elle m'accueillit, en toute simplicité.
Elle m'a autographié son livre The Story of the Trapp Family Singers et m'a raconté comment elle avait commis la plus grande erreur de sa vie en vendant tous ses droits d'auteur à une compagnie de cinéma allemand pour 10 000 $ américains. Son mari, le capitaine Georg Von Trapp étant décédé en 1947, elle se trouvait cousue de dettes.
Bon prince, le producteur de la comédie musicale sur Broadway, The Sound of Music, lui accorda un peu moins de un pour cent des profits (royalties). Cette libre adaptation de son livre, sur la musique de Richard Rodgers et les paroles d'Oscar Hammerstein, sera portée au grand écran par la compagnie Twentieth Century Fox d'Hollywood avec tout le succès que l'on connaît.
De simple chorale familiale qu'ils étaient au début, les Trapp sont devenus des chanteurs professionnels, très en demande partout en Amérique, y compris au Canada. Ils ont produit quelques disques, dont un spécial de Noël, avec des cantiques en diverses langues, dont Il est né le divin enfant en français.
C'est en 1941 qu'ils avaient construit leur première maison à Stowe, qui deviendra plus tard le Trapp Family Lodge, où l'on accueille de nombreux visiteurs, notamment en hiver, car ils ont aménagé sur leur domaine un grand centre de ski de fond qui m'a incité à y retourner pour le temps des Fêtes.
Je souhaitais évidemment revoir Maria Von Trapp. La chance me souria de nouveau, car je l'ai en effet croisé sur l'une des pistes en train de se dégourdir les jambes, toujours alerte pour son âge (fin soixantaine). Des trois enfants qu'elle a eus avec le capitaine Von Trapp, je n'ai pu rencontrer que son plus jeune fils, Johannes, à qui elle avait confié toute l'entreprise familiale.
Maria est allée rejoindre son mari dans la tombe en 1987, dans le petit cimetière derrière leur résidence. Leurs descendants continuent d'assurer la relève. Quant à l'actrice Julie Andrews, qui l'avait incarnée à l'écran, elle reprend du service en animant, de Salzbourg en Autriche, chaque année un spécial de Noël intitulé The Sound of Christmas. On peut aussi s'attendre, au petit écran, à des reprises de La Mélodie du bonheur.
Crédit photo : Courtoisie - Raymond Dionne