Ce sont 225 dirigeants d’entreprises et gestionnaires qui ont complété le sondage entre le 11 novembre et le 1er décembre 2024, soit avant la sortie de Donald Trump sur la hausse des tarifs douaniers pour le Canada.
«Il y a une marge d’erreur normale de 6,3 % pour ce sondage, mais la date de tombée ajoute une forme d’incertitude. Cependant, les résultats indiquaient déjà des craintes par rapport aux politiques américaines et d’autres sondages à l’échelle canadienne nous indiquent des résultats similaires. On peut donc se fier à ces résultats», précise Caroline Roy, vice-présidente et associée chez Léger.
Incertitude
Si le coût des opérations demeure l’élément le plus appréhendé par les dirigeants d’entreprises, avec un total de 27 % des répondants qui ont placé cette inquiétude comme leur première, il est presque rattrapé par les mesures protectionnistes des États-Unis à 23 %.
Cette tendance touche majoritairement les entreprises de 20 employés et plus. Les entreprises de moins de 20 salariés «sont surtout préoccupées par l’accès au financement», mentionne Mme Roy.
Selon Frédérik Boisvert, président et chef de la direction de la CCIQ, les réglementations gouvernementales compliquent la tâche des entreprises de la région.
«La conformité à des réglementations comme la loi 25 sur la protection des données se transforme en heures et en coûts considérables pour les entreprises. Le fardeau est trop grand et les entreprises ne sont pas consultées ni accompagnées pour procéder à ces changements, ajoute-t-il. Pour une entreprise de cinq employés et moins, ce sont 33 000 $ qui doivent être déboursés par année pour respecter les nouvelles réglementations. C’est énorme.»
Quant à elle, Marie-Josée Morency, présidente-directrice générale de la CCIGL, constate que les décisions gouvernementales par rapport à l’immigration font peur aux entreprises de Lévis.
«On va perdre des travailleurs qualifiés et ça affecte surtout les régions. Le taux de chômage est très bas et on a besoin de ces travailleurs dans nos entreprises, notamment dans le secteur manufacturier. En plus, on en prend soin de nos travailleurs issus de l’immigration. On les intègre et on s’assure que le taux de rétention soit élevé», statue Mme Morency.
Résilience
Si les entrepreneurs font face à de l’incertitude, la résilience ressort beaucoup, selon la présidente-directrice générale de la CCIGL.
«Je trouve que ce mot-là est parfois galvaudé, mais dans ce cas-ci, nos entrepreneurs font vraiment preuve de résilience et ils trouvent des nouvelles solutions pour s’adapter.»
Effectivement, le sondage indique que 63 % des gestionnaires prévoient réaliser des investissements pour augmenter la productivité de leur entreprise, soit 7 % de plus que la dernière année.
Les investissements que prévoient faire les dirigeants visent surtout la transformation numérique, l’automatisation et la robotisation. Ces mesures sont perçues par les répondants au sondage comme les plus efficaces pour contrer la pénurie de main-d’œuvre.
Même si la crainte des mesures protectionnistes américaines frappe les plus grandes entreprises de la région, certaines solutions se présentent aux dirigeants.
«On regarde tous les scénarios et on constate qu’il faut se diversifier. Il faut regarder vers l’exportation en Europe ou en Afrique plutôt qu’aux États-Unis. Il y a de l’incertitude par rapport à ça, mais on est sur le terrain et on remarque que les entreprises cherchent des solutions», indique Marie-Josée Morency.
Optimisme
Malgré les enjeux que peut dépeindre le sondage, celui-ci montre beaucoup d’optimisme de la part des entrepreneurs.
D’abord, 39 % des répondants ont indiqué que leurs ventes ont augmenté par rapport à l’année dernière, précise Caroline Roy. 32 % ont mentionné que leurs ventes étaient stables.
Ensuite, les impacts anticipés de l’inflation ont diminué par rapport à l’année dernière. Selon le sondage Léger, ce sont 86 % des répondants qui ont été affectés par celle-ci, par rapport au 94 % de l’année précédente. D’ailleurs, pour éponger les impacts de l’inflation, 38 % des entrepreneurs considèrent devoir augmenter leurs prix, contrairement à 53 % en 2024.
Finalement, Conjoncture 2025 indique que 66 % des dirigeants font une évaluation positive de l’année 2024, résultat légèrement au-dessus de la moyenne.
«Je ne suis pas surprise par les constats de ce sondage, avoue Marie-Josée Morency. On est souvent sur le terrain et on constate qu’on a une belle alliance économique entre Lévis et Québec. Maintenant, il faut continuer de travailler ensemble pour le bien des projets et pour avoir plus de poids économique.»