C’est à titre de directrice du Bureau des artistes du littoral (BAL), un nouvel organisme qui a principalement pour but d’offrir un endroit en ChaudièreAppalaches où les artistes professionnels peuvent créer ou se rencontrer, que Lily Thibodeau œuvre à offrir une place pour les artistes en région.
En plus de militer pour cette place, elle déplore que le public ait encore de mauvaises conceptions envers les artistes professionnels. «Les gens ne savent pas ce qu’est un artiste professionnel et il y a beaucoup de jugement encore sur le fait que si tu habites en région, tu dois être moins reconnu. On est important pour la stimulation et la santé globale d’un milieu.»
Native de Saint-Michel-de-Bellechasse, Lily Thibodeau s’implique dans le milieu culturel depuis son enfance alors qu’elle a pratiqué le ballet, la danse et la musique avant de cheminer vers le cinéma lors de son parcours collégial. Elle a également étudié à l’École de danse de Québec et complété une formation en danse contemporaine à Montréal. Que ce soit avec le théâtre, le cinéma, la musique ou la danse, Lily Thibodeau exploite différentes sphères artistiques dans son travail.
C’est son côté entrepreneurial qui a pris le dessus au cours des deux dernières années alors qu’elle a cofondé le BAL avec Caroline Rochefort et Suzanne Michaud et qu’elle s’implique à la conservation de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc.
«Je n’aurais jamais pensé aboutir là dans ma vie, de rénover et sauver des églises. Ma démarche est très laïque, mais je trouve que ce sont de beaux bâtiments qui méritent d’être récupérés pour notre patrimoine et comme lieu de création», souligne l’artiste. Déjà en fonction depuis quelques mois, c’est cet hiver que le BAL et son offre de services seront officiellement lancés.
En tant que femme entrepreneure, elle sent que ce projet a été lancé à un bon moment où elle avait confiance de pouvoir faire face au milieu majoritairement masculin entourant l’achat et les rénovations de l’église.
Lily Thibodeau se dit inspirée par son modèle d’une femme forte : sa mère qui a su gravir les échelons dans son travail en gardant la tête haute et en se faisant valoir par son intelligence.
La féminité au centre de sa musique
Préparant la sortie de son album solo, Lily Thibodeau s’est grandement inspirée de son expérience en tant que femme.
«La direction artistique de mon album est beaucoup axée sur la féminité et l’émancipation féminine. C’est pour parler de comment les femmes peuvent changer leur façon d’être plus fortes quand il arrive des situations. On peut avoir le réflexe de ne pas répondre à des assauts qu’on reçoit, mais en ne répondant pas, on n’aide pas. C’est avec humour, avec force et intelligence qu’on peut faire face à ces stéréotypes envers les femmes, bien que ce soit de moins en moins présent», souligne l’autrice-compositrice-interprète.
Alors qu’elle n’avait que 16 ans, Lily a dû faire face à la perte d’une de ses amies, décédée d’un féminicide. C’est avec la montée des épisodes de féminicide en période pandémique que la Lévisienne a dû revivre cette perte importante, qui l’a inspirée pour son album.
Après son lancement à venir, Lily Thibodeau souhaite partir en tournée et visiter les maisons pour femme à travers ses destinations en leur offrant des billets pour son spectacle ou en les invitant à une conférence en marge de sa prestation, chose qu’elle a déjà faite par le passé. Elle continue de s’impliquer et de se battre pour la culture d’ici, que ce soit par son art ou à titre d’entrepreneure.