Par Jean-David Beaulieu
Vous l’avez surement vu passer comme moi, cette annonce pompeuse en grande pompes de la réfection de la côte des Bûches. Bras dessous-bras dessus, les Lehouillier, Drainville et Julien ont annoncé que 4 M$ de fonds publics seront dépensés pour redorer l’image de cette côte qui présentement, entre vous et moi, possède tous les attributs nécessaires pour envoyer derechef en orthopédie la plus pimpante des sexagénaires, bronzée à la vitamine D, nourrie aux fibres équilibrées et son ostéoporose, le premier verglas venu.
Nenni, il n’était pas question de faire preuve de cohérence et de rigueur avec les fonds publics en annonçant une réfection de la côte des Bûches à l’image de ce qui se fait ailleurs à Lévis. Exit le bon vieil escalier de bois et de métal qui transporte quotidiennement son flot de piétons de la Traverse vers la haute ville. Car nous, les décideurs, on innove à Lévis. Surtout quand l’argent vient directement de vos taxes, roturiers.
Nous avons donc eu droit, ou plutôt l’immense honneur, le 22 novembre dernier, de se faire présenter par le gratin, galvanisé par la liesse des organismes subventionnés habituels, un projet d’escalier chauffant mes amis! «Une excellente nouvelle pour le développement commercial et la revitalisation du quartier historique du Vieux-Lévis» qu’ils nous disaient.
Dans la vraie vie, ce sont plutôt des mois de chantier à grands frais pour éviter deux ou trois coups de pelle aux cols bleus de la Ville. Une facture inutile d’entretien et d’opération qui sera récurrente au cours des prochaines années, une durée de vie utile qui soulève bien des doutes et une technologie qui n’est pas sans failles. Vous demanderez à votre beau-frère combien ça lui a couté la dernière fois que son plancher chauffant a rendu l’âme…
Vous m’accuserez d’être dégoulinant de cynisme, mais sachez que je sais reconnaître les bienfaits de certains projets. Au moins, les marches chauffantes à 30 000 piasses du maire permettront de relier directement à la Traverse les condos de luxe qui se construiront sur l’ancien site des Scies Mercier tout en fournissant un chaud trottoir pour se réchauffer les fesses aux itinérants qui seront déplacés lors du déménagement du 55. De l’innovation sociale, j’en suis!
Il y a toujours bien des limites à se faire passer un sapin, même s’il vient d’être détaxé par le fédéral.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.