Par Elhadji Mamadou Diarra
C’est un dimanche de la mi-janvier 1995 que j’ai foulé le sol du Québec pour la toute première fois. Je devrais plutôt dire, la neige du Québec, car je ne voyais pas grand sol sous mes pieds, du haut de mes 21 ans. C’était mon tout premier contact avec la neige et il y avait une tempête cette journée-là. J’ai eu un choc thermique! Passant des tropiques dakarois au froid nordique du Québec, j’ai subi une amplitude de plus de 30°C en 24h.
Pour ma chronique de ce début d’année 2025, je trouvais intéressant de vous jaser de quelques souvenirs et faits marquants dont j’ai été témoin durant ces 30 dernières années au Québec. Des événements qui ont marqué le Québec, mon Québec, moi et nous québécoises et québécois, comme dirait l’autre! Vous en doutez, je ne saurai relater tous les événements. J’en ai choisi quelques-uns, mais la liste pouvait être longue et nécessiterait le concours de plusieurs chroniques ou pourquoi pas, un livre.
Octobre 1995. Le référendum sur l’indépendance du Québec. Le camp du «OUI» d’un côté. Le camp du «NON» de l’autre.
Été 1996. La nature se déchaîne comme jamais. Ce que l’on a surnommé le déluge du Saguenay où des pluies diluviennes ont ravagé tout sur leur passage. Laissant derrière elles, désolation, inquiétude et stupeur, mais la petite maison blanche du Saguenay a survécu. Elle est aujourd’hui un attrait touristique de la région. La solidarité québécoise est mise à l’épreuve et a répondu présente.
Janvier 1997. La création des garderies à 5 $ par jour. Quelle avancée sociale dont le Québec a été précurseur ! L’histoire montre l’avant-gardisme du Québec en matière de politiques sociales.
Janvier 1998. La crise du verglas. Encore la nature! Je participais aux Jeux du commerce et nous manquions d’électricité. Le leadership de deux hommes a été testé, confirmé et retenu pour éduquer et inspirer des générations futures. Le premier ministre de l’époque et le PDG d’Hydro-Québec, MM Lucien Bouchard et André Caillé, ont quotidiennement rassuré la population avec une gestion de crise des plus instructives de l’histoire. Celui qu’on a surnommé l’homme au col roulé a été sujet d’études de cas dans de grandes écoles de management public. Cet événement a aussi fait la démonstration de l’entraide et de la solidarité québécoises.
En 2007! La polémique à la municipalité de Hérouxville, avec l’adoption par le conseil de ville d’un code de conduite des immigrants, donne naissance à la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Aujourd’hui, force est de constater que le débat est loin d’être clos.
Toujours en 2007, le Québec est frappé de plein fouet par un drame d’une ampleur inouïe : la disparition de la jeune fille de neuf ans près d’un parc de Trois-Rivières, Cédrika Provencher. Une initiative menée par son grand-père a amené à la reconnaissance de la journée du 31 juillet comme Journée mondiale de prévention des enlèvements d’enfants.
De la naissance de RDI en 1995 à la gestion de la pandémie de COVID-19 en passant par le Printemps érable, le retour au jeu du capitaine des Canadiens de Montréal Saku Koivu après une féroce lutte contre le cancer, le départ des Nordiques de Québec, la fin du baseball professionnel avec le départ des Expos de Montréal, et j’en passe.
Voilà autant d’événements ayant bouleversé, transformé le Québec au cours de ces 30 ans. Certains diront que je n’ai énuméré, pour la plupart, que des crises, certes. Mais, c’est à travers des crises qu’une société se forge un caractère et un dessein. C’est aussi à travers des crises qu’une relation sincère se fortifie. Comme l’a dit Mark Gendron : «Notre vie est une perle que chacun de nos pas polit».
Témoin de ces mutations profondes de la société québécoise, JE ME SOUVIENS!
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.