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Budget 2024 de la Ville de Lévis

Repensons Lévis va porter plainte à la CMQ

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Fâchés «d’inexactitudes dans la transmission des données financières de la Ville» lors de l'adoption du budget 2024, Serge Bonin et Alexandre Fallu veulent que la CMQ se penche sur le dossier. Photo : Archives - Gilles Boutin

14 déc. 2023 02:15

Quelques jours après l’adoption du budget 2024 de la Ville de Lévis, Repensons Lévis (RL) ne décolère pas. Le parti formant l’opposition à l’Hôtel de Ville entend prochainement déposer une plainte à la Commission municipale du Québec (CMQ), en raison notamment «d’inexactitudes dans la transmission des données financières de la Ville».

C’est à la suite d’un article de Radio-Canada que RL a fait cette sortie. On pouvait y lire que la Ville n’avait pas mis à jour la projection de sa dette pour l’année en cours lors du dépôt du budget 2024. L’estimation de 559 M$ transmise le 11 décembre aux médias date d’il y a un an. Les deux élus de RL, Serge Bonin (Saint-Étienne) et Alexandre Fallu (Christ-Roi), estiment donc que le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, et la présidente du comité des finances, Isabelle Demers, doivent rendre des comptes et «dévoiler la vraie dette de Lévis».

«On a engagé l’ancien directeur des finances de la Ville et ils ont décidé (cette année) de cacher des informations parce que l’an passé, on en avait plus (pour donner notre accord ou pas à l’adoption du bugdet). Cette année, on en avait beaucoup moins, des données hyper importantes et essentielles pour prendre nos décisions. Ils nous ont caché de l’information, et fondamentalement ils l’ont caché au public aussi. […] Quand on regarde les processus de toutes les grandes villes, on est vraiment à la traîne, je dirais qu’on est quasiment à l’âge de pierre», a lancé Serge Bonin, lors d’une mêlée de presse avec les journalistes de la région le 14 décembre.

«Je suis frustré. On n’est pas capable de concevoir qu’on nous cache des informations quand on prend une décision. Après, on vote contre le budget parce qu’on n’a pas les bons chiffres et le taux de taxation par catégorie et on nous critique parce qu’on s’oppose. Je n’ai jamais vu autant de manque de transparence. […] Imaginez s’il n’y avait pas d’opposition», a plus tard renchéri Alexandre Fallu.

Également, Serge Bonin a une nouvelle fois argué que l’administration Lehouillier présentait un «mauvais chiffre» lorsqu’il parle du ratio d’endettement actuel de la Ville de Lévis. Embauché par RL, l’ancien directeur des finances de la municipalité, Marcel Rodrigue, a soutenu à Radio-Canada que l’administration Lehouillier avait ajouté les revenus d’investissements aux revenus de fonctionnement depuis 2021 dans son calcul de ce ratio, «ce que ne font pas les autres grandes villes». Pour l’ancien trésorier de la municipalité, cette façon de faire a permis à la Ville de Lévis de bonifier ses revenus afin de réduire son ratio d’endettement.

«Une année, je prends des pommes et l’autre je prends des oranges en disant qu’on est bien meilleurs. Ça n’a pas de sens. Quand on a un ratio, on respecte ce ratio. Toutes les villes le font de la même façon. Pourquoi tout à coup on change parce que ça nous avantage? Ça ne tient pas debout. On a un bon chiffre en 2020, pourquoi on n’a pas utilisé la même méthode de calcul en 2021 et 2022?», a illustré M. Bonin.

 La CMQ appelée en renfort

 En raison de ces inexactitudes dans la communication des données financières de la Ville et du fait que les élus de l’opposition n’aient pas reçu l’ensemble de la documentation sur le budget au moins huit jours avant son adoption, comme prévu par l’article 474.2 de la Loi sur les cités et villes, RL ira de l’avant avec le dépôt d’une plainte à la Commission municipale du Québec.

Du même souffle, l’opposition à l’Hôtel de Ville a profité de l’occasion pour réclamer une nouvelle fois la mise en place le plus rapidement possible par la municipalité d’un cadre financier ainsi que davantage de transparence.

 Demers invoque des «maladresses»

 Avant la mêlée de presse de RL, la présidente du comité des finances de Lévis et conseillère du district Villieu (Saint-Nicolas), Isabelle Demers, s’est défendue des accusations de l’opposition. Pour l’argentière de l’administration Lehouillier, la décision de ne pas présenter une mise à jour de la projection de la dette de la municipalité ainsi que l’absence d’indication du changement des normes pour le calcul du ratio d’endettement sont des «maladresses». Mais pour elle, il ne s’agissait pas d’erreurs, comme l’administration Lehouillier n’a rien à cacher et qu’elle a ses façons de faire depuis des années.

«Je n’essaie pas de faire un budget pour favoriser Isabelle Demers ou son équipe, mais pour tous les citoyens de la Ville de Lévis. Je ne me lève pas le matin en me disant que je vais cacher des chiffres aux citoyens. […] Je sais que ce n’est pas facile (la hausse de taxes), ce fut un budget très difficile à adopter. On ne l’a pas fait pour notre parti, mais pour la Ville de Lévis. Dans les dernières années, on a essayé de donner une pause aux citoyens, cette année, on n’avait plus le choix», a répliqué Isabelle Demers, avant d’ajouter que la Ville allait présenter son cadre financier en février.

Appelé à réagir aux commentaires de Mme Demers, Serge Bonin a ensuite déclaré que Gilles Lehouillier a «perdu en crédibilité» à la suite de l’adoption de ce budget. Toutefois, Serge Bonin a dit qu’il voulait réfléchir avant de réclamer la démission du maire et d’Isabelle Demers, «ne voulant pas s’en prendre aux individus».

 Avec la collaboration de Xavier Nicole

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