Bâtiment érigé à la fin du 19e siècle et inoccupé depuis plus d’une décennie, le 220, rue Napoléon-Mercier avait été l'objet d'une première demande de démolition en 2010. Toutefois, peu après, la décision avait été suspendue pour essayer de trouver une solution de sauvegarde, alors qu’une évaluation des coûts de réhabilitation avait aussi été demandée.
Par la suite, en 2020, les propriétaires, Patrick et Yves Garant, avaient soumis une nouvelle demande de démolition pour y construire un projet immobilier de six unités résidentielles.
Si cette deuxième tentative avait initialement été approuvée par l’administration Lehouillier, la vive contestation citoyenne qui avait suivi avait fait en sorte que la démolition avait ensuite été rejetée en appel.
C’est le 13 mars dernier que la Ville a fait savoir qu’une troisième demande avait été déposée. Le 7 mai s’est ensuite tenu une séance publique.
La troisième fois aura finalement été la bonne pour Patrick et Yves Garant. Effectivement, le comité de démolition de la Ville de Lévis a approuvé, à deux voix contre une, la demande faite par les deux hommes. Serge Bonin, chef de Repensons Lévis, a été le seul à voter contre la démolition.
«Pour nous, ce site est fondamental. Le bâtiment comme tel peut-il être décontaminé? Je suis loin d’en être sûr, mais je pense que la Ville a un devoir de préservation du patrimoine. […] La réserve (dédiée à la protection du patrimoine) existe déjà, mais on ne l’a jamais utilisée», a d’abord mentionné le président du comité de démolition, pour justifier son opposition à la démolition.
Pour ce dernier, «la Ville doit prendre ses responsabilités sur ce site avant de le perdre» et s’en porter acquéreur.
«Ayons le courage de l’utiliser et protégeons ce site. Rachetons le bâtiment. Y a-t-il moyen d’en préserver une partie, de faire un mémorial, d’en faire quelque chose de public? Le maire, en 2021, a manifesté son intérêt d’en faire une espèce de Montmartre lévisien. Visiblement, il a reculé, mais je lui dis ce soir que de revenir à cette idée n’est peut-être pas fou. S’il l’a déjà pensé, il est possible qu’il revienne sur sa décision comme je l’ai fait ce soir», a indiqué Serge Bonin.
De leur côté, Patrick et Yves Garant étaient aussi présents lors du rendu de la décision. Même s’ils ont avoué être «contents», ils ne crient pas victoire trop vite dans ce dossier.
«On est contents de la décision. C’est sûr qu’on va suivre attentivement s’il y a un appel de décision par la suite, mais nous sommes heureux ce soir. […] On aimerait ça commencer la construction (du projet immobilier) au printemps prochain. On veut faire un beau projet qui va être un plus dans le quartier et qui va venir améliorer le coup d’œil», a expliqué Patrick Garant.
Le dossier n’est pas clos
Effectivement, bien que la majorité du comité ait voté en faveur de la mise à terre du bâtiment, le dossier n’est pas encore scellé. Toute personne s’opposant à la démolition peut en effet demander une révision du dossier. Dans ce cas, il reviendrait au conseil municipal de la Ville de Lévis de rendre une décision après avoir écouté les parties prenantes au dossier.