Dans le cadre du festival, les Corsaires ont participé à différents matchs avec des équipes locales ainsi qu’à des ateliers avec des jeunes de leur âge. Cette occasion de visiter la Ville Lumière est née d’une promesse que l’entraîneur de l’équipe a faite à sa fille. Pierre Miousse, entraîneur des Corsaires de l’École Pointe-Lévy, organise également le tournoi du Paradoxe à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et c’est là qu’il a créé les liens avec des équipes françaises qui lui ont permis de mettre en branle ce projet.
«Dans les cinq dernières années, j’ai coaché les Corsaires, parce que ma fille, Élizabeth, qui était en secondaire 1 en mode pandémie, me disait : ‘’Papa, il n’y a plus de coach à cause de la pandémie. Il n’y a donc plus d’impro, mais ce serait le fun d’en faire en virtuel’’. Ça a commencé comme ça la première année. Et puis, j’avais promis, il y a cinq ans, que lorsqu’on reviendrait en présentiel, je continuerais d’être leur entraîneur. J’ai dit à ma fille : ‘’Qui sait, peut-être qu’en secondaire 5, on ira faire une tournée en France’’», explique Pierre Miousse.
Ce sont neuf jeunes de 16 ans qui sont partis découvrir comment l’improvisation était pratiquée en France. Plusieurs d’entre eux n’avaient jamais pris l’avion, alors que deux d’entre eux n’avaient jamais même quitté le Québec. Pour couvrir leurs dépenses, les Corsaires ont effectué des activités de financement, comme du bénévolat au tournoi du Paradoxe et du ramassage de paniers d’épicerie pendant le Super Bowl. Ce travail leur a permis de quitter le pays et de vivre une expérience déroutante.
«Les jeunes y allaient, oui, pour faire des matchs, mais aussi pour faire des rencontres avec d’autres jeunes de leur âge et, surtout, pour faire du tourisme. On a visité tout ce qu’il y avait à visiter. Notre première activité d’improvisation était de faire un atelier sous la tour Eiffel avec nos chandails des Corsaires. Après ça, en journée, on est allé jouer un match devant des jeunes de l’hôpital. Finalement, en soirée, on s’en va faire un atelier d’impro avec la troupe de Trappes, qui sont les vice-champions français junior. Pour les jeunes, c’était impressionnant», souligne Pierre Miousse.
Le tournoi
Pendant le festival, les Corsaires ont remporté la compétition qui était sous une formule plus classique. Six équipes étaient séparées en deux sections. Chaque équipe affrontait les deux équipes de sa section et les deux équipes gagnantes se rendaient en finale. L’expérience de l’équipe lévisienne dans le circuit secondaire au Québec lui a permis de se démarquer dans ce contexte de jeu.
«La différence entre le Québec et la France au niveau de la formation des jeunes, c’est qu’ici, depuis toujours, les jeunes se forment à partir des écoles. Tandis qu’en France, ce sont des troupes de théâtre. Donc, ce qui est surtout différent en France, c’est que la notion du match traditionnel est moins présente. Dans le réseau scolaire, on a beaucoup de matchs d’improvisation», précise Pierre Miousse.
Si l’entraîneur des Corsaires craignait que les Français puissent être chauvins dans leur manière de voter, il a pu constater tout l’amour que ceux-ci éprouvent pour les Québécois.
«Les Québécois, on est accueilli comme des dieux de l’improvisation en France. Ils nous aiment d’amour, ajoute Pierre Miousse. En France, au niveau des juniors, il y a un gros encadrement chez les troupes de théâtre. Pendant un match, l’arbitre est au sol et il donne des consignes à des joueurs de pas faire telle transition ou faire tel truc. Nous autres, on leur donne déjà les bases pour qu’ils soient aussi autonomes que les adultes. Il y avait un petit clash au niveau de la maturité du jeu et c’est pour ça qu’ils se sont démarqués. Ils ont joué des trucs très inspirants.»
Si la victoire au tournoi a donné la motivation à l’équipe de l’École Pointe-Lévy pour terminer sa saison régulière en force, le mot d’ordre du séjour en France était la camaraderie et le plaisir de jouer.
«L’improvisation, c’est une grande fête. Gagner ou perdre, ce n’est pas important, apporte Pierre Miousse. Ce qui comptait, c’était l’engouement de faire de belles rencontres. Autant mon jeune le plus timide du groupe que mon plus expérimenté, tout le monde avait la gueule à terre tout le long, parce que le choc culturel fait en sorte que ce sont tous des jeunes du même âge qui veulent simplement se connaître. C’était beau à voir.»