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Le DG d'estrade

Le piège américain

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17 févr. 2025 11:53

Si je ne suis pas un apôtre de l’interdiction complète des bagarres au hockey, je n’ai pas été emballé par le début du match au sommet opposant le Canada aux États-Unis lors de la Confrontation des quatre nations, samedi soir. Les frères Tkachuk ont tendu un piège aux Canadiens et ils sont tombés dans le panneau.

Par Érick Deschênes

Tous les acteurs réunis au Centre Bell pour ce match qui s’inscrira dans les annales du hockey avaient chacun une motivation pour manifester leur colère. Des partisans canadiens outrés par le changement de cap géopolitique de leur voisin qui était depuis longtemps un fidèle allié. Des joueurs américains insultés d’entendre leur hymne national, un chant qui transcende les profondes divisions qui frappent leur pays, être hué à tout vent au Canada.

Si la colère devait être expulsée, pourquoi diable les Canadiens ont accepté de jouer le jeu de Matthew et Brady Tkachuk en début de partie? Les deux frères se sont vantés après la partie remportée par les États-Unis par la marque de 3 à 1 d’avoir planifié ces bagarres dans une conversation de groupe sur Internet avec un autre pugiliste américain, le centre J.T. Miller. Au moins, dans le cas de Miller, il a livré un combat contre le robuste défenseur Colton Parayko à la suite d’une échauffourée devant le filet canadien.

Pour leur part, les frères Tkachuk ont livré leur duel dès la mise au jeu, ciblant des attaquants, en termes pugilistiques, ne se retrouvant pas dans leur catégorie : Brandon Hagel et Sam Bennett. Oui, la fierté canadienne a été défendue. Mais accepter les invitations du trio américain n’a permis au Canada que de jouer le jeu des États-Unis, qui misait sur la robustesse à outrance et un jeu défensif très hermétique pour venir à bout de son grand rival.

Il est évident que l’équipe canadienne n’a pas été aidée par la performance moyenne, lors de moments clés du match, de son cerbère, Jordan Binnington. Mais pour les autres aspects, les représentants du pays à la feuille d’érable pour cette édition de la Confrontation des quatre nations sont moins forts que les Américains quant à la robustesse et le jeu défensif.

Si le Canada peut obtenir son billet pour la finale du mini-tournoi contre les États-Unis jeudi, la formation dirigée par Jon Cooper devra miser sur sa principale : son attaque créative et rapide. Connor McDavid a montré lors de la première période du match de samedi qu’avec ces ingrédients, les Américains peuvent être surpris et décontenancés.

 Une excellente idée

 À l’exception de ces bagarres planifiées dignes d’une autre époque, la Confrontation des quatre nations peut déjà se targuer d’être l’innovation la plus réussie de la saison 2024-2025 de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Grâce à ce mini-tournoi, le circuit Bettman a pu remplacer cette saison son match des étoiles. S’il était un rendez-vous attendu des amateurs de hockey dans les années 90, la classique annuelle est devenue une véritable blague au cours des dernières années. Une fin de semaine où on sentait que les participants étaient davantage présents par obligation que par désir de promouvoir leur sport.

J’avais peur que les joueurs sélectionnés pour prendre part à la Confrontation des quatre nations limitent leurs efforts, plusieurs d’entre eux évoluant pour des équipes qui connaîtront bientôt le marathon des séries du circuit Bettman. Mais j’avais tort!

Avec la Confrontation des quatre nations, la LNH ramène l’esprit de compétition qui faisait tellement défaut désormais au match des étoiles. En plus, jusqu’à maintenant, à l’exception de la fessée donnée par les États-Unis à la Finlande, tous les matchs sont chaudement disputés et maintiennent les amateurs sur le bout de leur chaise. Et tous les joueurs se donnent corps et âme pour leur pays.

Gary Bettman, ou son successeur s’il prend sa retraite, doit donc poursuivre sur cette lancée et proposer un rendez-vous international chaque année au lieu d’un match des étoiles. Lors des années où il n’y aura pas de coupes du monde de la LNH présentées, la Confrontation ne peut qu’être bonifiée, que ce soit par l’ajout d’équipes (Russie, Tchéquie, Slovaquie, Allemagne et Suisse) tout en maintenant le rythme sur deux semaines de l’édition 2025 ou la présentation de séries de plusieurs matchs opposants de grands rivaux internationaux.

Comme avec la Série de la rivalité mettant aux prises chaque année les équipes féminines du Canada et des États-Unis, on pourrait assister à des séries Canada/États-Unis, Canada/Russie ou Suède/Finlande. Six ou sept parties de la même intensité que le duel de samedi soir entre le Canada et les États-Unis donneraient tout un spectacle aux amateurs de hockey.

Toutefois, il est primordial que la LNH ne nuise pas au retour des joueurs de son circuit aux Jeux olympiques d’hiver en raison de ses compétitions internationales. Les JO demeurent la meilleure vitrine pour le hockey afin d’attirer de nouveaux amateurs et de nouveaux joueurs à travers le monde. Et quoi de mieux que de miser sur les meilleurs joueurs de la planète pour être ces ambassadeurs!

Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.

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