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L'Observateur

Le retour du boomerang

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14 mars 2025 05:30

«Un boomerang est un outil construit avec des profils porteurs lui permettant de revenir, en tournant sur lui-même, vers le lanceur.»

Par Marc Picard

Quelle perte d'énergie et d'argent, cette décision de la Régie de l'énergie d'établir une hausse des tarifs d'électricité de 3,6 % pour les clients résidentiels dès le 1er avril 2025.

Hydro-Québec a fait valoir devant la Régie que sa proposition de limiter la hausse à 3 % était cohérente avec son engagement de maintenir des tarifs abordables pour l’ensemble des ménages québécois, un objectif que le gouvernement s'est également engagé à respecter publiquement. Pourtant, selon la Régie, «le gouvernement du Québec ne lui a indiqué aucune préoccupation économique, sociale ou environnementale» concernant cette question.

Le projet de loi 69, actuellement examiné en commission parlementaire, inclut cette notion de préoccupation gouvernementale. Toutefois, tant que ce projet n’est pas adopté, le gouvernement ne peut imposer ses volontés à la Régie, et toute intervention directe serait perçue comme inappropriée, voire dénoncée comme une ingérence politique.

Hydro-Québec prévoit contester la décision de la Régie devant les tribunaux. Cette démarche, dont l'aboutissement n'interviendra qu'après l’échéance du 1er avril 2025, engendrera des heures de préparation de plaidoiries et de procédures judiciaires. Résultat : le contribuable paiera pour les frais encourus par les deux parties. Bravo!

En parallèle, François Legault, premier ministre du Québec, a mandaté son équipe gouvernementale d'élaborer une solution permettant de respecter son engagement de limiter la hausse tarifaire à 3 %. Ce travail, actuellement mené par le ministère des Finances ainsi que le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, entraînera lui aussi des coûts supplémentaires pour les contribuables, qui paient encore la note pour cette décision de la Régie.

Dans un contexte où nous subissons une guerre commerciale avec les États-Unis, il est primordial d’investir toute notre temps et notre énergie à préserver notre économie des attaques du président américain, Donald Trump, plutôt que de nous disperser dans des batailles internes inutiles.

Il est essentiel que le projet de loi adopté prévoie que le gouvernement peut indiquer à la Régie, à l’égard de toute matière, ses préoccupations économiques, sociales et environnementales, lesquelles devront obligatoirement être prises en compte dans ses décisions.

Chronologie du retour de boomerang.

En décembre 2019, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a fait adopter le projet de loi 34, qui réduisait le rôle de la Régie de l’énergie dans la fixation annuelle des tarifs d’électricité d’Hydro-Québec. Après cinq ans d’attente, la Régie a retrouvé son pouvoir de fixer ces tarifs.

La réduction du pouvoir de la Régie a engendré d'importantes tensions entre celle-ci et le gouvernement. De plus, Option consommateurs et de nombreux autres intervenants s'étaient opposés à ce changement majeur dans la méthode de fixation des tarifs.

Le trio des régisseurs chargés de représenter la Régie se composait d'un fonctionnaire de carrière, d'un ancien employé de cabinet du Parti libéral du Québec et d'un représentant issu d'Option Consommateur. Disons que le travail s'annonçait très laborieux pour convaincre ces régisseurs du bien-fondé de la proposition d'Hydro Québec.

De plus, à la lecture des documents, j'apprends que la Régie considère qu’Option Consommateurs me représente en tant que client d'Hydro Québec. Comment cette association sans but lucratif peut-elle s’auto-proclamer représentante de l'ensemble des consommateurs québécois?

Malheureusement, ce type de labyrinthe politico-bureaucratique ne peut qu'engendrer de la méfiance et des désillusions envers nos organismes publics.

Une question se pose : qui dirige réellement le Québec, les élus ou les mandarins de l'État?

Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.


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