La Commission scolaire des Navigateurs a quitté, le 25 juin, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), le regroupement représentant la majorité des commissions scolaires francophones du Québec, en raison de divergences sur la question de la gouvernance scolaire qui s’accentuent depuis février.
C'est grâce à une résolution adoptée à la quasi-unanimité en séance régulière du conseil que les commissaires de la CSDN ont officiellement entériné le retrait de leur organisation de la FCSQ.
Selon ce qu'on peut lire dans un communiqué transmis par la CSDN aux médias, le conseil des commissaires de la CSDN estime que ce départ permettra à leur organisation de collaborer dès maintenant à la réforme envisagée par le gouvernement caquiste pour les commissions scolaires.
Rappelons que grâce à un projet de loi qui devrait être déposée cet automne, la Coalition avenir Québec (CAQ) désire mettre fin aux élections scolaires, transformer les commissions scolaires en centres de service et donner plus d'autonomie à chaque établissement.
«Ce qu’on comprend, c’est que lorsque le débat sur la gouvernance scolaire aura lieu, la FCSQ défendra exclusivement le suffrage universel. L’élimination d’un palier démocratique, ce n’est pas banal. Ça mérite une réflexion. Il ne faudra pas s’arrêter uniquement au suffrage universel et l’exclure systématiquement», a soutenu Jérôme Demers, président de la CSDN, tout en ajoutant que la désaffiliation n’aura «aucun effet» sur les services aux élèves puisqu’il ne s’agit que d’une décision politique.
Appel à la population
Le conseil des commissaires a profité de l'occasion pour indiquer qu'il souhaite que «le nouveau modèle de gouvernance scolaire que l'actuel gouvernement veut implanter au Québec soit le résultat d’une réflexion proposée aux citoyens et un projet rassembleur et prometteur pour l’ensemble de la société».
Les commissaires ont toutefois désiré rappeler les principes énoncés par le conseil en mars dernier qui guideront sa réflexion sur la gouvernance scolaire, soit une gouvernance de proximité, une gouvernance représentative et imputable, une gouvernance partagée et une gouvernance élue.
«Nous souhaitons que les personnes qui dirigeront la commission scolaire soient des gens qui proviennent du milieu et qui connaissent les besoins du milieu. Nous souhaitons que ces personnes représentent les différents groupes de la communauté, des représentants des parents, de l’organisation et de l’extérieur, et qu’ils soient imputables de leurs décisions. Nous souhaitons qu’ils soient élus, peut-être au suffrage universel, mais il existe d’autres modes d’élection comme celui en place pour l’élection des commissaires parents», a expliqué M. Demers.
D'ailleurs, le conseil invite les citoyens de la région à transmettre leurs idées et propositions sur la gouvernance scolaire au gouvernancerenouvelee.csdn.qc.ca. À partir de ces réflexions, la CSDN produira un mémoire qui sera déposé à la fin août au ministère de l’Éducation du Québec.
La FCSQ «s’explique mal la désolidarisation» de la CSDN
De son côté, la FCSQ s’est dite déçue de la décision du conseil des commissaires de la CSDN dans un communiqué de presse. Selon elle, il est plutôt temps que les commissions scolaires demeurent unies alors que le gouvernement envisage de réformer la gouvernance scolaire et qu’elles font face à de nombreux défis, comme la pénurie de main-d’œuvre ou l’application de la loi sur la laïcité.
Du même souffle, la FCSQ semble insinuer dans le document transmis aux médias que la décision de la CSDN serait guidée par une amertume de Jérôme Demers envers la fédération.
Il y a quelques semaines, ce dernier a été défait à l’élection à la présidence de l’organisation par le président sortant, Alain Fortier. M. Fortier a été réélu avec une majorité de plus de 80 % La FCSQ déplore donc que la CSDN quitte ses rangs alors que son président «avait pourtant plaidé pour une fédération rassembleuse» lors de cette élection.
«Nous souhaitons que la commission scolaire puisse un jour faire le constat des avantages de l'union et de la solidarité des commissions scolaires. L'objectif est de préserver les acquis du système public d'éducation dans le meilleur intérêt des élèves. La FCSQ demeure ouverte à dialoguer avec la CSDN en vue de son éventuel retour dans nos rangs», a déclaré Alain Fortier.
Cette sortie n’a évidemment pas plu à Jérôme Demers. «Ce communiqué, c’est exactement la raison pour laquelle nous nous désaffilions. La FCSQ a droit à sa position, elle pourra la défendre. Nous avons une position différente et nous allons également la faire entendre. […] (L’argument de l’amertume) ne tient pas la route puisque ce n’est pas une décision du président, mais du conseil. Elle a été prise après des débats et c’est le point ultime d’une démarche que nous avons entamée il y a plusieurs mois.