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Fire-Jo-Ball

Nouveau court-métrage pour Audrey Nantel-Gagnon

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Après avoir complété son baccalauréat en cinéma à l’UQAM, Audrey Nantel-Gagnon a pu produire son court-métrage Fire-Jo-Ball avec l’ONF grâce à son projet vidéo de fin d’études Shirley Temple. Photo : ONF

22 sept. 2023 09:26

La réalisatrice originaire de Lévis, Audrey Nantel-Gagnon, présente son nouveau court-métrage documentaire Fire-Jo-Ball. Après avoir été présenté au festival REGARD au Saguenay, la réalisatrice revient tout juste de dévoiler son film au festival Off-Courts de Trouville en France. Son dernier arrêt pour l’instant : le Festival de cinéma de la ville de Québec.

Produit avec l’Office national du film du Canada (ONF), Fire-Jo-Ball est le troisième projet de la réalisatrice. Après Shirley Temple et Tout roule, ce documentaire présente encore la plume d’Audrey Nantel-Gagnon qui se sert de la fiction afin de pousser le réel.

«Le documentaire d’auteur n’est jamais à 100 % objectif parce que c’est notre regard sur un sujet. Je deviens aussi très proche et transparente avec les personnes qui sont dans mes films. Je leur pose toujours la question si eux ils se reconnaissent dans le film. J’aime jouer avec le réel afin de mieux faire ressortir la vérité et le personnage et surtout pour faire ressentir les émotions au public», explique la réalisatrice.

Voulant explorer le phénomène des bars de quartier, c’est ce qui l’a mené à rencontrer Jo-Ann Thibault, le personnage central de son documentaire. Après avoir fait le tour de plusieurs bars pour trouver le bon milieu et les bonnes personnes pour son film, elle a eu un coup de cœur pour cette barmaid de 57 ans qui, à ce moment, était en arrêt de travail en raison d’un épuisement professionnel.

«Après l’avoir rencontré, j’ai continué ma tournée afin d’être certaine de mon choix, mais je suis retournée vers elle. Jo-Ann a happé mon cœur. Au final, mon film a été transformé par elle. Les bars font partie du film, mais à travers elle. Pour moi, c’est plus un film sur elle, sur sa résilience, sur ses rêves», souligne Audrey Nantel-Gagnon.

Le documentaire raconte donc la vie de Jo-Ann, barmaid d’un bar de quartier qui rêve d’être chanteuse et actrice. Cette dernière, très extravertie et théâtrale, est pourtant une femme au quotidien ordinaire qui essaie de jouer le rôle de sa vie. Le court-métrage de 16 minutes présente plusieurs sphères importantes, comme sa famille dans une discussion avec son petit-fils, la réalité des bars de quartier et de sa clientèle, mais aussi des difficultés familiales et d’inceste mentionnés à demi-mot.

À plusieurs reprises dans le film, on peut voir Jo-Ann se filmer avec son téléphone et inviter les gens à venir la voir au bar lorsqu’elle travaille. «Les barmaids de ces bars de quartier ont vraiment leur clientèle. Elles peuvent même avoir des emplois grâce à elle. Chaque barmaid publie beaucoup pour attirer les clients. Je m’en suis servie pour le film comme Jo-Ann l’avait déjà fait», indique Audrey Nantel-Gagnon.

La prise de ses vidéos, bien qu’adaptée pour le film, a été réellement faite par Jo-Ann dans son quotidien. Cela a aussi été un outil pour elle afin de se livrer et d’ajouter une touche personnelle aux échanges et à la façon dont sa vie est racontée.

Un choix qui part de loin

 «Au début, ce qui m’a attiré vers les bars de quartier, c’était le fait d’être seul à plusieurs. Ça m’intriguait beaucoup de savoir ce qui poussait les gens à s’unir à tous les jours dans ces lieux qui sont aussi intimes qu’éloignés. Les gens deviennent super proches dans le bar, mais quand ils en sortent, ils ne sont plus liés entre eux», raconte la réalisatrice.

Son deuxième attrait vers ces bars de quartier est aussi l’aspect politique de ces lieux qui ont pour ancêtres les tavernes. «Maintenant, les barmaids sont presque uniquement des femmes dans ces lieux où il y a eu une époque où elles étaient interdites», souligne-t-elle.

L’histoire de Jo-Ann découle un peu de ce phénomène. Seulement barmaid depuis huit ans, Jo-Ann a vécu du harcèlement sexuel au sein de son ancien emploi comme secrétaire financière. Elle a raconté à Audrey Nantel-Gagnon que son bar est «sa scène de théâtre», que c’est elle qui a le contrôle sur les regards et les interactions avec les clients.

Après son arrêt au Festival de cinéma de la ville de Québec, les prochaines projections du film n’auront sûrement lieu qu’au printemps prochain. La réalisatrice travaille déjà sur son prochain court-métrage qui cette fois-ci sera bel et bien une fiction, mais qui joue avec les codes du documentaire.

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