Par Steven Blaney
Aussi, j’espère qu’ils ne seront pas trop découragés qu’après le 3e lien, cette deuxième chronique porte aussi sur une infrastructure, un pont pour faire changement. Mais cette fois-ci, ce n’est pas à propos d’un projet controversé, c’est un pont réel, construit il y a plus de cent ans, inauguré en 1919 et qui a été une grande source de fierté pendant des décennies jusqu'à ce qu’on se lance la balle et qu’on le laisse pitoyablement rouiller...
Vous aurez sans doute reconnu le pont de Québec. Et même si on ne parle que d’acier et de béton, ce vieil ouvrage qui relie Lévis à Québec, avec son histoire et ses tragédies, est loin de ne pas nous faire ressentir des émotions. C’est exactement ce qui s’est passé pour moi cet automne.
Il était particulièrement touchant d’assister au dernier hommage d’un grand Lévisien, Michel L’Hébreux. Originaire de Saint-Romuald, ce grand bonhomme laisse un bel héritage à sa communauté. En plus d’être un père et un mari apprécié par ses proches, son engagement professionnel en éducation aura laissé des traces. Mais pour moi et bien d’autres, c’est à travers sa passion pour le pont de Québec que j’aurai découvert cette personne exceptionnelle.
Conférencier, historien, auteur, lobbyiste, la passion de Michel L’Hébreux pour le pont de Québec lui aura fait porter bien ses chapeaux et l’aura emmené sur bien des rivages, comme celui de la politique. C’est ainsi qu’il était venu à ma rencontre pour me sensibiliser au triste sort du pont de Québec que et je me suis noué d'amitié avec son épouse Nicole et lui. Et à ce jour, le travail est encore inachevé...
C’est pourquoi j’ai trouvé réconfortant les mots de notre maire Gilles Lehouillier où il a alors pris l’engagement solennel de poursuivre le travail pour redonner à ce chef-d'œuvre ses lettres de noblesse. Car maintenant que la voix du pont de Québec s’est éteinte, il revient à nous tous de faire en sorte que le pont de Québec, au-delà des allégeances politiques, demeure non seulement un lien fiable et sécuritaire, mais aussi que ce joyau de notre patrimoine collectif retrouve son éclat d’antan. On parle évidemment d’entretien et de peinture. Car si ceux qui nous ont précédés ont eu l’intelligence de l’ériger, pourrions-nous au moins nous avoir la décence de l’entretenir?
Avec intelligence, Yvon Charest a proposé une solution simple: le gouvernement canadien en reprend possession, avec les ententes nécessaires pour ses usagers. On l'entretient comme du monde et on passe à un autre appel. Nous le devons non seulement à la mémoire de Michel L’Hébreux et à nos contemporains, mais aussi aux générations futures qui en bénéficieront comme ce fut le cas pour nos ancêtres. Le moment est venu, il est temps d’agir!