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La rencontre de Mamadou

Entre blessure et guérison

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10 oct. 2024 11:21

C’est avec fierté et humilité que je signe, aujourd’hui, ma toute première chronique dans le Journal de Lévis. J’aurai le privilège de vous livrer ma réflexion personnelle sur des sujets aussi variés que multiples, autant d’ici que d’ailleurs, car ici, c’est ailleurs et ailleurs, c’est ici. Bonne rencontre avec Mamadou !

Par Elhadji Mamadou Diarra

La journée du 30 septembre a été décrétée Journée nationale de la vérité et de la réconciliation à travers le pays. L’objectif poursuivi est de promouvoir les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones. Depuis 2013, il y a eu une journée de commémoration, et c’est en 2021, que cette journée a élevée au rang de fête légale.

Le port du chandail orange en cette journée est un symbole de la dépossession de la culture, de la liberté et de l’estime de soi dont ont été victimes les enfants autochtones pendant plusieurs générations.

Officiellement, le 30 septembre est donc une journée de commémoration, d'éducation et de guérison face à la souffrance causée par le système de pensionnats, qui a été opéré au Canada de 1831 à 1996 et au Québec jusqu'en 1991. Pour le moment, seules quatre provinces canadiennes et trois territoires ont fait du 30 septembre une journée fériée. Il s’agit de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince -Édouard, du Nunavut, des Territoires-du-Nord-Ouest et du Yukon.

Pourquoi commémorer?

Pour se souvenir, pour ne jamais oublier ce que les peuples autochtones ont subi durant ces périodes sombres de l’histoire canadienne et québécoise. Commémorer revêt un sens douloureux et triste. La commémoration nous invite à se rappeler des atrocités perpétrées aux peuples autochtones et surtout de ne pas banaliser. Cette cérémonie annuelle est un signe que la volonté est là, mais quels sont les moyens concrets pour faciliter le vivre ensemble?

Pourquoi éduquer?

En cette journée du 30 septembre, l’éducation épouse un sens beaucoup plus large que le seul fait de savoir ou d’instruire. L’éducation fait appel à notre sensibilité en tant qu’humain, à l’ouverture et au dialogue pour mieux accepter. Elle doit porter sur un plus haut degré de respect mutuel entre les peuples et les nations. Au-delà de se vêtir de la couleur orange, comment amener nos jeunes à la résilience et à devenir de meilleurs citoyens pour forger un monde encore meilleur? 

Léopold Sédar Senghor disait : «nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants». Éduquer pour accepter l’inacceptable commis il y a des décennies! Éduquer pour mieux se comprendre les uns les autres! Éduquer pour mieux s’accepter et accepter autrui! Éduquer pour s’élever!

Que dire de la guérison?

Mais guérir de quoi au juste? Faut-il aller en pharmacie pour chercher un quelconque médicament? Bien sûr que non! C’est bien plus que cela. Le traumatisme est si profond et aigu que même le meilleur médecin au monde ne peut le soigner. Cette blessure se soigne par la rencontre de l’autre et de soi-même. La souffrance est telle que des générations entières ont été sacrifiées et le souvenir de ceux qui y ont survécu n’est qu’horreur et désillusions. Il faut donner du temps au temps pour guérir. Avoir la profonde conviction et la certitude que c’est dans le respect les uns envers les autres, l’acceptation des uns envers les autres, que tranquillement, pas vite, nous, tous comme société, y parviendrons. En tout cas, c’est un début.

Ensemble, allons à la rencontre de l’autre pour une société plus forte et plus résiliente. J’ai le présentiment que, comme société, nous avons un long chemin à parcourir pour corriger les inhumanités du passé. Inhumanités causées par des humains à des humains!

 

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