Par Érick Deschênes
Comme le rapportent des journalistes suivant les activités du circuit Cecchini, les propriétaires du Titan d’Acadie-Bathurst, l’une des six formations de la LHJMQ évoluant dans les Maritimes, ne fermeraient pas la porte à vendre leur formation. Orpheline d’une franchise évoluant dans une ligue majeure de hockey depuis le départ des Icecaps en 2017 afin de permettre l’arrivée du Rocket à Laval (club-école des Canadiens de Montréal dans la Ligue américaine de hockey), Saint John’s veut revivre la ferveur qu’amène un tel club.
Sentant la bonne affaire, des entrepreneurs terre-neuviens plancheraient sur l’acquisition du Titan pour permettre aux amateurs de hockey de l’île d’encourager de nouveau une équipe de la LHJMQ. De 2005 à 2008, Saint John’s a en effet accueilli les Fog Devils, équipe évoluant dans le circuit qui était alors dirigée par Gilles Courteau. Même que comme l’expliquait Martin Leclerc, de Radio-Canada, dans l’une de ses plus récentes chroniques, le gouvernement de Terre-Neuve a apporté «une modification aux lois du travail de la province afin de spécifiquement soustraire les hockeyeurs juniors des dispositions qui leur auraient permis de réclamer le salaire minimum».
Toutefois, l’expérience des Fog Devils a tourné court dans la première décennie des années 2000. Afin de faire leur entrée dans la LHJMQ, les propriétaires s’étaient engagés à payer les frais de déplacement à Saint John’s des équipes adverses. Seul l’avion permet aux franchises de la LHJMQ de minimiser les impacts des longs déplacements provoqués par un aller-retour vers Terre-Neuve. Le tout a malheureusement fait tourner au rouge rapidement les états financiers des Fog Devils.
Lévis, une belle terre d’accueil?
Si le marché de Terre-Neuve permettait au Titan relocalisé de compter sur une importante base de partisans, pourquoi tenter une nouvelle fois l’aventure de Saint John’s, un projet qui n’atteindra sûrement pas la rentabilité?
Comme certains l’espèrent chez nous, pourquoi Lévis n'accueillerait pas le Titan et permettrait ainsi à la ville de faire son entrée dans la LHJMQ, si évidemment un amphithéâtre moderne d’au moins 4 000 à 5 000 places fait son apparition sur notre territoire?
Avec Montréal, Longueuil et Laval, des marchés dominés par les Canadiens de Montréal et où des franchises de la LHJMQ n’ont pu prendre racine, ainsi que Trois-Rivières et Terrebonne, des villes qui sont à proximité d’une franchise du circuit Cecchini, Lévis fait partie du groupe des 10 plus grandes villes du Québec qui ne vibrent pas au rythme des activités de la ligue de hockey majeur.
Évidemment, les amateurs de hockey lévisiens peuvent se rendre à Québec pour encourager les Remparts et savourer le produit de la LHJMQ. Mais avec sa population de plus de 156 000 personnes, l’importante communauté d’affaires lévisienne et la présence d’institutions d’enseignement supérieur, Lévis a tous les outils pour bien faire vivre une franchise de la LHJMQ. De plus, sa position centrale au Québec permettrait de créer de belles rivalités, autant avec les Remparts que les Tigres de Victoriaville ou l’Océanic de Rimouski.
Cependant, plusieurs embûches devraient être surmontées pour concrétiser un tel projet. Je ne sais pas si la situation a changé depuis, mais à mes débuts au Journal, j’avais fait un dossier sur cette question. Et chaque formation existante de la LHJMQ a un droit de veto sur l’arrivée d’une nouvelle franchise à proximité. Il faudrait donc convaincre les Remparts de faire une croix sur une partie de leur marché.
De plus, l’exploitation d’une franchise de la LHJMQ coûte des millions de dollars chaque année. Plusieurs marchés du circuit Cecchini misent donc sur des groupes d’actionnaires pour éviter que l’opération de leur franchise devienne un cauchemar financier. En effet, il faut avoir les reins solides comme le hockey junior est cyclique. L’aréna peut être plein pendant une saison où une équipe est à son apogée, mais ça peut être plus tranquille aux guichets lorsque la formation amorce sa reconstruction.
Également, l’arrivée d’une équipe de la LHJMQ à Lévis aurait un impact sur d’autres organisations sportives lévisiennes ou d’autres activités, le dollar-loisir n’étant pas élastique.
Et comme mentionné un peu plus haut, sans amphithéâtre moderne d’une capacité d’au moins 4 000 à 5 000 sièges, Lévis ne peut que rêver d’une équipe de la LHJMQ. Ailleurs dans le centre et l'est du Québec, des villes comme Saint-Georges-de-Beauce ou Rivière-du-Loup accueillent des équipes de la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH) dans des amphithéâtres ayant respectivement 2 500 et 3 000 sièges. Elles sont donc mieux positionnées que Lévis.
Montembeault n’a pas été l’objet de pitié
Dans un autre ordre d’idées, comme plusieurs, j’ai été étonné, pour rester poli, des propos d’un journaliste sportif de l’Alberta à propos de la sélection de Samuel Montembeault comme l’un des trois gardiens de l’équipe du Canada qui prendra part à la Coupe des 4 Nations. Rappelons que cette nouvelle compétition pilotée par la Ligue nationale de hockey aura lieu en février entre le Canada, les États-Unis, la Finlande et la Suède afin d’offrir un produit plus divertissant que le désormais morose match des étoiles du circuit Bettman.
Selon ce triste sieur de l’Ouest, le cerbère du CH n’aurait obtenu sa place aux côtés des gardiens Adin Hill (Golden Knights de Las Vegas) et Jordan Binnington (Blues de Saint-Louis) qu’en raison d’un choix politique de Hockey Canada. Montembeault est le seul Québécois à avoir obtenu une place parmi les 23 représentants du Canada désignés pour la Coupe des 4 Nations.
Pour faire simple, je crois que le journaliste sportif de l’Alberta qui a eu cette réflexion n’a pas vu beaucoup de matchs du Tricolore cette saison. Samuel Montembeault a souvent été l’un des facteurs importants derrière les rares victoires du CH cette saison. Et le cerbère québécois a aussi démontré qu’il pouvait performer et mener son équipe aux grands honneurs sur la scène internationale.
En parlant de choix politiques, pourquoi Justin Poirier, l’un des meilleurs buteurs de la LHJMQ sous les couleurs du Drakkar de Baie-Comeau, n’a pas été invité au camp final de sélection d’Équipe Canada en vue des Championnats du monde de hockey des moins de 20 ans? Peut-être que les pilotes de Hockey Canada veulent un alignement diversifié, misant sur des joueurs talentueux et des athlètes rugueux.
Mais pourquoi ne pas donner une chance à Poirier, un buteur pur, de se faire valoir et de peut-être déjouer les pronostics, malgré sa petite taille? Justin Poirier, Cole Caufield ou Lane Hutson nous démontre chaque soir que le talent, ça ne s’achète pas!
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.