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Le DG d'estrade

Jusqu’à quand le CH abusera de notre patience

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17 déc. 2024 01:35

À travers les vies familiale et professionnelle ainsi que le temps consacré à l’écoute des matchs des Canadiens de Montréal, je suis en train de compléter la lecture de l’excellente trilogie de Robert Harris sur la vie de Cicéron, célèbre avocat et politicien romain du 1er siècle avant Jésus-Christ. Alors consul de la République romaine, Cicéron a dû faire face à une conjuration visant à renverser l’ordre établi mené par Sergius Catilina. Pour empêcher le coup d’état, Cicéron a alors livré une série de discours contre le perturbateur où il a notamment lancé sa célèbre phrase : «Jusque à quand, Catilina, abuseras-tu, enfin, de notre patience?». Une citation qui peut être transposée, toutes proportions gardées, à la gestion de la reconstruction par le CH.

Par Érick Deschênes

Cette étape nécessaire pour relancer la Sainte-Flanelle sur des bases solides en vue de connaître de nouveau le succès à moyen terme semble désormais faire du surplace à l’an 3 du plan Hughes/Gorton.
Contrairement aux deux dernières saisons où le club affichait une combativité à tous les instants, le Tricolore se fait allègrement malmener cette saison par plusieurs clubs du circuit Bettman.

Dernière dégelée en date : celle de jeudi dernier subie aux mains des Penguins de Pittsburgh par la marque de 9 à 2. Les Canadiens ont été dans le coup pendant les deux premières périodes, mais lors du dernier vingt, la troupe montréalaise a littéralement cessé de combattre.

Même que plusieurs jeunes joueurs sur lesquels l’organisation fonde de grands espoirs, soit les attaquants Kirby Dach, Alex Newhook et Juraj Slafkovsky, le défenseur Justin Barron et le gardien Cayden Primeau, font du surplace ou même régressent. Et on ne parle pas de l’indiscipline du CH, le Tricolore étant l’un des clubs les plus punis de la Ligue nationale de hockey (LNH). On a vu samedi, contre les Jets de Winnipeg, que le manque de discipline peut être coûteux face à des puissances du circuit Bettman.

Ne pas miser uniquement sur le repêchage

 Les passionnés de repêchage et des espoirs répètent ad nauseam que l’état-major des Canadiens doit poursuivre dans la trajectoire établie et ne surtout pas «prendre de raccourcis» dans la reconstruction. Mais est-ce que miser uniquement sur le repêchage permettra au CH de se sortir des bas-fonds du circuit Bettman? L’exemple de plusieurs équipes en reconstruction depuis des années et qui ne passent pas à la prochaine étape, comme les Sénateurs d’Ottawa, et l’état des espoirs du club montréalais m’inquiètent.

Lors de son seul passage avec le Tricolore cette saison, le meilleur attaquant évoluant avec le club-école des Canadiens, Joshua Roy, a été un fantôme. Sinon, le Rocket de Laval ne mise sur aucun autre attaquant pouvant avoir un impact majeur dans la LNH. S’il accumule les points comme un attaquant dans la Ligue américaine de hockey, Logan Mailloux n’offre pas les mêmes assurances défensives qu’un Kaiden Guhle.

Ivan Demidov et Michael Hage ont tout un potentiel, mais on ne parle encore que d’un potentiel dans le circuit Bettman et pas de certitudes.

Comme je le mentionnais dans une précédente chronique, est-ce que les Canadiens ne pourraient pas profiter de leurs actifs, les espoirs qui ne sont pas des diamants ainsi que ses nombreux choix au repêchage, pour aller chercher des attaquants, des défenseurs et même un gardien auxiliaire qui pourront occuper pendant un certain temps des rôles importants au sein de l’équipe? À l’attaque, Alex Newhook et Kirby Dach sont en train de prouver qu’ils sont de bons joueurs de troisième trio dans une puissance de la LNH. Et Cayden Primeau ne donne pas le répit dont aurait besoin Samuel Montembeault, le gardien numéro 1 du CH qui continue de multiplier les exploits cette saison.

On le voit, la patience des amateurs qui vont au Centre Bell et même des partisans qui suivent les matchs du Tricolore à la télévision commence à s’effriter. Il ne faudrait pas qu’un autre plan quinquennal de la Sainte-Flanelle soit un échec et que la reconstruction s’éternise à Montréal, toujours en attente que les espoirs deviennent les projections des architectes du CH.

 Du renfort aussi pour St-Louis?

 En plus de songer à améliorer ses effectifs sur la glace, est-ce que l’état-major des Canadiens ne devrait pas donner de l’aide à Martin St-Louis, son entraîneur-chef depuis le début de la reconstruction?

J’en conviens, «Marty» fait avec les soldats qu’il a sous la main. Mais plusieurs signes m’inquiètent en ce qui a trait à la gestion stratégique sur la glace. Le travail défensif est laborieux, le système hybride prôné par St-Louis ne semblant pas être adapté au groupe actuel de défenseurs du CH. Le jeu de transition manque de fluidité, les défenseurs lobant souvent la rondelle pour tenter de joindre les attaquants en sortie de zone. Pour ceux qui n’écoutent pas les matchs des Canadiens, je vous préviens tout de suite que cette option permet très souvent de redonner la rondelle à l’adversaire. Et je ne parle même pas de l’indiscipline, défaut qui n’a pas encore été corrigé et qui coûte des points au CH.

Un entraîneur-adjoint d’expérience permettrait d’offrir du soutien à Martin St-Louis. On peut être une étoile sur la glace, mais ça ne veut pas dire que cela se reproduira derrière le banc. L’exemple de Wayne Gretzky à Phoenix l’a démontré. Martin St-Louis est un entraîneur charismatique qui a une vision rafraîchissante. Mais il faut aussi qu’un entraîneur-chef dans la LNH soit capable de mettre en place une stratégie qui permettra à son équipe de s’améliorer soir après soir et de récolter des points? Ce que malheureusement on ne voit pas cette saison avec les Canadiens.

 En rafale

 - Dans un autre ordre d’idées, je tiens à féliciter les Chevaliers de Lévis qui ont remporté les grands honneurs du Challenge CCM 2024, la fin de semaine dernière à Châteauguay. Cela couronne de la plus belle des façons le début de saison exceptionnelle de la troupe lévisienne. Si l’équipe de chez nous peut éviter de se faire amputer de talents avec la période des transactions en cours dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), le reste de l’hiver et le printemps sera excitant à l’Aréna de Lévis

- Je suis bien heureux d’apprendre que les deux joueurs invités de la LHJMQ au camp d’Équipe Canada junior, Ethan Gauthier et Mathieu Cataford, porteront les couleurs de l’unifolié lors du prochain Championnat du monde de hockey des moins de 20 ans. L’honneur de la Belle Province est sauf… On pourra aussi profiter de cette activité traditionnelle du temps des Fêtes pour voir en action le prometteur défenseur canadien Matthew Schaefer, l'un des premiers choix au prochain repêchage de la LNH.

- Le journaliste spécialiste de la LHJMQ chez RDS, Stéphane Leroux, l'a confirmé hier. Le Titan d'Acadie-Bathurst déménagera bel et bien ses pénates la saison prochaine à Terre-Neuve. C'est un beau marché, mais espérons que les questions de logistique ne viendront pas nuire une nouvelle fois à l'aventure à Saint-John's. Lévis devra donc se tourner vers une autre opportunité, si un groupe est intéressé à amener une équipe de ce circuit chez nous.

Cette chronique était la dernière du DG d’estrade en 2024. Je serai de retour au début 2025 pour continuer de vous parler de sport. Je profite de l’occasion pour vous souhaiter un beau temps des Fêtes ainsi que pour vous partager mes meilleurs vœux pour la nouvelle année.

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