Par Guillaume Ratté-Côté*
Pourtant, il ne fait aucun doute qu’il y a bien plus à faire que de se fier sur l’exercice du vérificateur général, dont le patron précédent s’était d’ailleurs plaint dans mon émission, il y a quelques années, du manque de ressources dont il était victime, tout en admettant les limites inhérentes à ce rôle ingrat et qui ne permet jamais d’obtenir un portrait d’ensemble de l’efficacité d’une organisation.
Lors de la fameuse hausse du compte de taxes de plus de 7 % en 2024, on nous a mentionné l’inflation comme explication et que sans une telle hausse, il faudrait couper des services.
Cependant, en général, dans les gouvernements, le gaspillage ne se trouve pas dans les services essentiels. Il se produit dans l’administration et l’abus d’intervention. Et, s’il n’y a pas d’exercice réformateur périodiquement, il s’installe sans faute une culture qu’on pourrait qualifier de contraire à ce que devrait être une culture de l’efficacité.
Comprenez-moi bien : il est possible que ce ne soit aucunement le cas à Lévis, mais il est peu probable que l’administration en soit complètement exempte. Même s’il est possible de sentir un dynamisme général. Sans analyse systématique des programmes et de l’efficacité avec laquelle ils sont menés, il y aura du gras. Gras pour lequel des citoyens et des entreprises doivent travailler dur et pour ensuite être forcés de payer.
C’est donc un gras intrinsèquement inacceptable. C’est une chose d’être un peu indulgent sur son taux de tissus adipeux comme individu, c’en est une autre de l’être pour un gouvernement, qui dispose du très violent pouvoir de taxation et qui a une tendance historique à prendre cette violence à la légère. Les gouvernements doivent être minces. Sans quoi, leur légitimité devient contestable. Ce qui peut causer toutes sortes de maux.
Je ne dis pas que la Ville de Lévis est obèse! Je dis qu’il faut effectuer un exercice généralisé pour s’assurer que ça n’arrive pas et que nous soyons aussi minces que possible.
Ce que je propose est simple. La création d’une nouvelle direction à la Ville, chargée de l’efficacité. Une direction comprenant autant d’employés qu’il y a de direction (en fait, certaines directions pourraient être regroupées sous la houlette d’un seul employé, comme les pompiers et la police). Ces employés étant mandatés pour évaluer chaque dépense, chaque poste, chaque processus. Idéalement, ils auraient des compétences tant en vérification que dans le domaine de la direction qu’ils vérifieraient. Et ils obtiendraient des bonus à chaque tranche de dizaine de milliers de dollars qu’ils identifieraient comme dispensable, preuves à l’appui.
Ils transmettraient ensuite leurs découvertes à un comité d’élus, incluant le maire, se réunissant une fois par deux semaines la première année, une fois par mois ensuite. Et, une fois que l’ensemble des sous-systèmes a été exploré, la nouvelle direction est soit dissoute pour un temps, soit fortement réduite.
Mon estimation est qu’en deux ans, avec nos 16 services, nous pourrions avoir mené à bien une réforme qui devrait durer pour encore quatre ans. Peut-être plus, comme nous semblons d’emblée être meilleurs que bien d’autres institutions publiques québécoises, mais il ne faut surtout pas s’asseoir sur nos lauriers.
Il conviendrait tout à fait que Lévis devienne un exemple étincelant en matière de légèreté administrative. Nous sommes déjà en avance sur les autres.
Pour moi, et j’en suis certain, pour bien des lecteurs et payeurs de taxes de Lévis, il importe fortement de contrer cette tendance à la hausse des perceptions. Et pourquoi ne pas faire de Lévis une Ville à l’avant-garde en ce sens? Et même baisser les taxes! Ce ne serait pas farfelu!
Il fut une époque pas si lointaine où l’on osait faire ce genre de promesse en politique municipale. Plusieurs seraient fiers que Lévis puisse montrer que cela est possible parce que ça l’est, sans le moindre doute.
*Guillaume Ratté-Côté est l'animateur de l'émission PolitiGuy Correct à la Radio de Lévis, CJMD 96,9, du lundi au jeudi à 16h.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.